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A l'issue des concours de grandes écoles j'ai eu le choix entre Centrale Lyon et Ensimag. J'ai choisi l'Ensimag sur une intuition: "il doit être possible d'utiliser les mathématiques pour résoudre des problèmes très concrets et programmer tout ca doit être particulièrement fun".
Pourtant j'ai traversé mes années d'école sans être particulièrement passionné par l'informatique et les systèmes, ni par certains cours de maths pourtant très utiles pour la suite de mon parcours. Je me souviens malgré tout de certaines matières qui m'ont passionné comme ce qui touchait à l'optimisation, les systèmes à événements discrets ou la décision multicritères.
A ma sortie de l'école j'ai eu la très grande chance de partir au Vietnam comme coopérant (le service militaire était encore obligatoire ...) et de travailler au Poste d'Expansion Economique pour aider les entreprises à s'implanter. Ce qui m'a amené à prononcer des discours au nom de l'Etat français sur des usines de concassage pour le béton ! Très loin de l'informatique donc. A mon retour en France, n'étant pas réellement fixé sur ce que je voulais faire, j'ai choisi de devenir consultant pour pouvoir changer fréquemment de projet et comprendre ce qui pouvait bien me plaire. J'ai donc travaillé essentiellement comme développeur ou architecte logiciel sur des projets télécoms, mais aussi pour la finance, l'automobile ou le secteur pharmaceutique. Avec de ci ou là des touches d'international. J'ai par exemple passe 6 mois à Copenhague, sur la conception d'un logiciel support des points de vente d'un des 3 opérateurs du pays. Durant ces 7 ans comme consultant j'ai été fasciné de voir combien de projets étaient des échecs massifs, certains jamais déployés après plusieurs années. Cela m'a amené à m'intéresser aux méthodes "agiles" et à d'autres façons de concevoir le logiciel. Un collègue m'a donne l'occasion rêvée de mettre tout ça en pratique. Il venait de créer une start-up pour vendre un logiciel de test basé sur les résultats de sa thèse. Cela a été une aventure extraordinaire où j'ai été à la fois développeur, chef de produit, consultant, dirigeant pendant 3 ans. C'est aussi à ce moment la que j'ai finalement compris que concevoir puis réaliser en programmant était finalement la chose que je préférais. Il ne m'a fallu que 10 ans pour le comprendre :-).
Puis le virus de l'international m'a repris... j'ai trouvé du travail au Japon ! Comme consultant pour une société américaine développant un logiciel de finance (front office / back office) massif en Java. Je dois dire que mon diplôme Ensimag m'a aidé à avoir une certaine crédibilité pour décrocher ce job alors que je n'avais pas travaillé dans le monde de la finance depuis un moment.
Mon expérience japonaise a été très riche personnellement mais plutôt difficile professionnellement. Le gap culturel est réel. Je trouvais mes journées tellement peu intéressantes que j'ai commencé à développer un logiciel en open-source le soir (et une partie de la nuit...). J'ai finalement demandé à être muté juste à coté,... en Australie où je me trouve actuellement. Mon travail open-source, mon (grand) intérêt pour la programmation fonctionnelle m'ont permis de trouver des jobs de plus en plus intéressants. Je travaille en ce moment dans une start-up où on développe une plateforme qui utilise des algorithmes de "machine learning" pour faire des offres ciblées aux clients de grandes entreprises.
Ma prochaine étape sera un retour en Europe et plus particulièrement à Berlin pour me rapprocher de ma famille (ma sœur vit là-bas).
Au final je pense que mon intuition de départ était la bonne. J'aime résoudre des problèmes en programmant et l'Ensimag m'a fourni une très bonne formation pour cela. Je regrette parfois de ne pas avoir été plus studieux sur tel ou tel sujet que j'ai du réapprendre par moi-même ensuite (sur les grammaires et le parsing de langages par exemple).
J'ai deux messages à faire passer. Il ne faut pas désespérer de ne pas se sentir une "vocation" avant, pendant, ou après l'Ensimag. Cela viendra sur le terrain. Ensuite il faut oublier les stéréotypes du type "l'avenir d'un développeur c'est de devenir un manager". Il est absolument possible de faire une carrière entière passionnante comme développeur pour peu que vous continuiez à apprendre, jour après jour, de nouveaux langages et techniques. Mon hobby du moment étant la programmation fonctionnelle, n'hésitez pas a me contacter si vous vous intéressez a des langages comme Haskell, Ocaml ou Scala (je militerais volontiers pour que OCaml ou Haskell fasse son entrée a l'école si ce n'est pas encore le cas :-)).